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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 07:42

Il était une fois un professeur d'histoire et géographie qui n'avait de cesse de quitter son collège ZEP devenu invivable, qui se détériorait de jours en jours. Ce professeur s'était investi beaucoup, à en oublier parfois sa vie privée, durant les 5 ou 6 premières années et il avait aimé cela. Puis il avait demandé sa mutation pour laisser la place à d'autres, encore neufs. Mutation refusée une fois, deux fois, trois fois... et les années passèrent et le professeur commença à décliner, à ne plus supporter le travail, à ne plus supporter des élèves de plus en plus difficiles. Un inspecteur qui passait par là, lors d'une des rares inspections pédagogiques, avait dit au professeur : "il faut quitter les ZEP au bout de 5 ans, après on n'est plus efficace". Belle parole en effet. Mais on ne voulait pas laisser partir le professeur. Alors un jour il a pété les plombs grave, très grave. Mis en arrêt maladie sans carence, arrêt de longue maladie. Consultations psy, interventions de médecins en tous genres, visites au Rectorat et j'en passe. Un jour, au Rectorat, une personne bine intentionnée lui a dit : "Nous ne pouvons rien pour vous si vous n'arrivez pas à muter. Le seul conseil que j'ai à vous donner c'est de vous faire arrêter chaque fois que nécessaire". Parole de l'Education nationale. Et c'est ce qui s'est encore passé lors de sa reprise. Il ne fut plus question alors qu'il retourne dans ce collège difficile, ingérable et mal géré par des incapables qui avaient pur des élèves. Et par je ne sais quel miracle la mutation arriva et l'arrêt longue maladie s'arrêta aussitôt par la décision unilatérale du professeur, l'Education nationale avait pris la décision de le prolonger. Depuis, ce professeur va mieux dans un autre collège moins dur mais qui nécessite tout de même de l'attention. Depuis il s'est arrêté chaque fois qu'il était très malade, fiévreux, aphone, donc dans l'incapacité de tenir tête à 6 classes par jour. Pour faire ce métier il faut être au top de la forme sinon c'est la catastrophe. Aujourd'hui on vient dire à ce professeur qu'il aura dorénavant une journée de carence, la première de la maladie. On lui interdit donc d'être malade. Ce professeur vient donc de décider qu'il accomplira au retour de tout congé maladie sa journée de carence de travail. Présent dans sa salle, il ne fera pas cours. Les élèves feront ce qu'ils voudront et lui travaillera à ses activités. Et que l'on ne vienne pas lui dire qu'il n'a pas le droit. L'Education nationale n'a pas le droit de traiter ses personnels comme elle les traite. Que le ministre et ceux qui l'entourent viennent lui dire en face comment il doit faire son métier. Voilà, il était déjà marié et avait eu des enfants. Il avait failli laisser sa vie pour l'Education nationale. Il fera donc carence. Fin de l'histoire.

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commentaires

E
J'ai une amie qui tenait les propos de ceux qui sont dans le soit disant "monde du travail " elle me disait que j'avais plein de vacances en tant que prof qu' elle travaillait 60h et plus...que etc. Elle a passé le concours de PLP ...et depuis a changé son point de vue... elle comprend maintenant ce que c'est d'être prof. Ce ne sont pas les heures ou les vacances qui comptent...c'est la façon dont on vit son travail. Si on ne l'aime plus, si on n'y arrive plus, si on n'y trouve pas son compte, si on se tue à la tache : c'est foutu ! Le travail doit être enrichissant, dynamisant...car on y passe beaucoup de temps. Perso je suis entrain d'envisager de ne plus être prof. Si vous voulez que l'enseignement soit fait par des intermittents continuez à taper sur les profs... ;-)
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K
Je suis sidérée par les commentaires ...toujours ce cliché des profs &quot;trop payés à en faire si peu&quot;..Quand on fait une sortie scolaire, les parents accompagnateurs sont sur les rotules en fin de journée et disent &quot;on ne pensait pas que c'était si éprouvant!&quot; et que penser de tous ces parents heureux que l'école reprenne car ils ne &quot;savaient plus quoi faire de leur progéniture&quot;...<br /> D'ici peu, le métier connaîtra une vrai &quot;crise de vocation&quot; car les enseignants rêvent d'une profession ou on peut &quot;débrancher &quot; le week-end et en soirée au lieu de corriger des cahiers et des copies illisibles ou faire des prép de classe (en primaire: compter environ 2h00 à 2h30 pour une journée si plusieurs niveaux dans la classe...et ajouter 1h de correction de cahiers quotidienne...soit une journée de 9h...sans les conseils de maîtres, APC, rédaction des demandes d'aide pour les élèves en difficultés, rencontres avec les parents...et j'en passe...sans compter l'administratif si vous êtes désigné directeur sans journée de décharge....
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J
moi qui justement cherchait des stat sur l'absentéisme du secteur educatif, voila un belle exemple, je pense que 3 jours de carences, c'est un minimum.<br /> Et n'oublie pas, que prefere tu, passer 7 h sur une caisse en supermarché, 7 h sur une disqueuse ou quelques h par semaines devant quelques jeunes.<br /> Réflechi bien à la question<br /> et si ton choix est fais, viens me rejoindre dans le vrai monde du travail
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J
Ouais... sauf que quelques heures (19 à 20 pour moi) devant 25 à 30 élèves par classe!! Vas y, please! Une journée et tu feras autre chose! Le métier est devenu très fatiguant, souvent très pénible et accessoirement, je travaille plus de 40 H par semaine (car il n'y a pas que la présence devant les élèves). Les élèves d'aujourd'hui ne veulent plus apprendre et sont très très très pénibles! Je laisse ma place à qui veut la prendre! Curieusement, ce métier n'attire plus! Il faudrait aussi penser à nous revaloriser, nous sommes les plus mal lotis de l'UE juste avant les grecs! Et puis nous aussi on va travailler jusqu'à 65 ou 67 mais dans quel état devant les classes!!! Réfléchissez un peu!
J
réponse à nat,<br /> vous ne connaissez vraiment pas le monde du travail (le vrai), dans le privé il faut travailler jusqu'à 65 ou 67 ans (c mon cas), et surtout je le rappel, nous avons 5 semaines de congé
N
<br /> C'est l'histoire d'une femme, prof, elle aussi. Aligner le public sur le privé en matière de congé maladie? Après tout,il y a une certaine logique... Mais alors, qu'on aligne aussi les droits des<br /> femmes en matière de retraite : pourquoi les enfants comptent-ils 8 trimestre dans le privé et seulement 4 dans le public ? Vas comprendre...<br /> <br /> <br />
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F
Je suis prof et ma retraite sera à 67 ans aussi, je confirme, plus de 45 à 50 h par semaine, sans compter la gestion nerveuse des ados. On ne se plaint pas mais pour bosser en caisse je n avais besoin que d un bac pas d études supérieures, j aurais été en retraite bien avant. Un salaire peu évolué malgré le concours et l ancienneté, arrêtez d envier les profs et de cracher sur eux! Il n y a personne pour faire des remplacements, on doit prendre des gens sous qualifiés car pour gagner si peu ça n intéresse personne, le concours est dur et éprouvant, les jaloux désaxés qui nous vomissent dessus, essayez des études et ce métier, on en reparle après. J ai adore ce job pendant 15 ans, là je fatigue d entendre des NTM toute la journée et des attitudes banlieusardes ... la culture a évolué, l école change, le métier n est plus le même, il faut démotiver les professionnels, sinon demain les jeunes n auront plus d enseignants...

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